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COLERE DE L'IKASTOLA DE BRISCOUS

Soumis par editorea le ven, 2023/06/10 - 09:35

Le 4 octobre dernier, les parents d'élèves de l'ikastola de Briscous organisaient avec le soutien de Seaska une conférence de presse pour dénoncer la situation de blocage imposée par la mairie.

Julen JAUREGUY & Cyril FESQUINE Co-présidents de l'ikastola de Briscous

Le 22 juillet 2022, nous avions invité la presse afin d’expliquer la situation de Beskoitzeko ikastola. Après plus de dix ans dans des préfabriqués précaires, alors que la mairie refusait de prendre en charge tous travaux, et refusait - sans aucune discussion possible - la location d’une salle communale inutilisée située à côté de l’ikastola, nous avions proposé à la municipalité de construire nous-même des locaux en dur sur le terrain qu’elle nous louait, afin d’assurer le développement de l’ikastola. Après de longs mois sans réponse, le 7 juillet 2022 la mairie nous adressait un mail nous informant de son accord pour une construction en dur, mais refusait les différentes variantes du projet présenté, et surtout, refusait la construction d’une ikastola pouvant accueillir plus de 50 élèves, alors que nous dépassions déjà ce nombre d’enfants.

Suite à la colère affichée des parents, Mme le maire Fabienne Ayensa écrivait dans la revue municipale d’octobre 2022, que « les élus étaient en attente d’un dépôt de permis de construire pour des bâtiments en dur, financés par Seaska, dans les limites du terrain occupé actuellement, ce qui pourrait convenir à 50 enfants »

Au mois d’octobre 2022 Seaska décidait alors de louer un terrain jouxtant l’ikastola, afin de pouvoir agrandir l’espace extérieur de l’ikastola, et ainsi répondre aux griefs de la mairie.

Après en avoir échangé avec Mme le maire, Seaska présentait une première esquisse du projet de permis en janvier 2023, suivi d’un dépôt de permis le 23 février. Le permis prévoyait la construction de l’ikastola sur le périmètre du terrain loué à la mairie, et organisait l’espace extérieur dans le terrain loué au voisin, pouvant ainsi accueillir dans des conditions acceptables au-delà de 50 élèves.

Malgré une provocation de la mairie, qui refusait l’inscription du 55ème élève de l’ikastola à la cantine municipale en janvier 2023, l’ikastola décidait d’apaiser la situation, et d’enlever dès la fin de l’hiver les banderoles déployées à l’ikastola et dans divers endroits de la commune, afin de faciliter l’instruction du permis. En dépit de tous ces efforts, et malgré la désescalade de l’ikastola, il était encore question durant l’été 2023 de refuser des enfants de l’ikastola à la cantine. La encore les parents refusaient la confrontation afin de permettre la bonne instruction du permis.

Le 22 mars 2023, les services instructeurs de la mairie faisaient une demande de nouvelles pièces complémentaires tout en nous invitant à échanger avec eux sur diverses questions techniques du permis. Mais ce fut le dernier échange avec la mairie à ce sujet, puisque malgré son invitation à la concertation aucune demande de réunion n’a dès lors été acceptée par les élus. Les pièces complémentaires demandées ont donc été déposées par l’architecte au mois de mai, mais sans concertation.

Au mois de juin dernier, pour raison de santé, Mme le Maire a délégué ses pouvoirs à son 1er adjoint M. Patrick Elizagoyen. L’architecte du projet d'ikastola et Seaska ont alors tenté à nouveau de rentrer en contact avec la mairie, sans y parvenir. Après plusieurs tentatives auprès de la commune, et de Monsieur Elizagoyen, le président de Seaska écrivait à la mairie au mois d’août pour demander un rendez-vous, ce à quoi Monsieur Elizagoyen répondait que le code de l’urbanisme ne prévoyait pas d’échanges pendant l’instruction du permis.

Face à ce refus de dialogue et cette mauvaise foi, l’architecte a demandé le 15 septembre 2023 l’ouverture du site de télétransmission afin de déposer des pièces complémentaires. La mairie refusant d’ouvrir l’accès, les pièces complémentaires ont été envoyées par courrier recommandé le 18 septembre et ont été reçus le 21 septembre. Ce même jour, sans tenir compte des pièces complémentaires, la mairie s’empressait de refuser le permis (alors qu’elle avait le temps de répondre jusqu’au 22 octobre), elle reprenait un par un les éléments que nos pièces complémentaires rectifiaient, mais sans en tenir compte !! Plus grave encore, la mairie considère que nous ne sommes pas habilités par le propriétaire -c’est-à-dire la mairie - à déposer un permis ! De qui se moque-t-on ?

Malgré nos échanges, malgré leur mail du 7 juillet 2022 précisant que tous les élus étaient favorables à une construction en dur, malgré les écrits de Mme le maire disant que la mairie était en attente d’un dépôt de permis sur ce terrain, après avoir passé des mois et des mois, engagé un architecte, loué un terrain voisin afin d’agrandir l’emprise et passé un temps fou avec ce permis, la mairie nous dit maintenant que nous ne sommes pas habilités à déposer un permis sur ce terrain ! Le "Hitza-Hitz" ("le respect de la parole") n’a t-il donc aucune valeur pour Mme Le Maire et l’équipe municipale à Beskoitze ?

Les choses sont claires maintenant. La mairie souhaite que l’ikastola pourrisse dans des locaux préfabriqués, ne souhaite pas de construction en dur, ne souhaite pas une ikastola digne de ce nom afin que nos enfants puissent s'épanouir dans des locaux scolaires dignes. La mairie souhaite brider l’ikastola, souhaite nous tenir en laisse, afin d’empêcher le développement de l’euskara à Beskoitze. Mais nous ne nous laisserons pas faire !

Peio Jorajuria, président de Seaska

Après 54 ans et avec maintenant 39 ikastola, Seaska à une longue expérience en matière de dépôt de permis. Mais c'est la première fois qu'une commune refuse de rencontrer les membres de Seaska ainsi que l'architecte pour discuter du projet.

Aujourd'hui nous tenons à alerter l'opinion publique du fait qu'à Beskoitze nous sommes en présence d'une commune qui prend délibérément des mesures anti-basque et anti-ikastola. Alors que nous avions proposé une solution clé en main qui ne coûtait pas un centime à la commune pour pérenniser l’ikastola, la commune refuse tout dialogue, nous mène en bateau, nous fait perdre de l’argent et du temps, et ce qui est plus grave, souhaite démoraliser les familles afin qu’elles lâchent prise. Nous ne sommes pas dupes, nous savons très bien que la mairie mettra en avant un argumentaire technique disant que le permis n'est pas conforme alors même qu'elle nous a empêché d'apporter les modifications nécessaires pour que ce permis puisse être validé.

Aujourd'hui nous sommes disposés à redéposer un permis qui reprendra tous les considérations techniques sur lesquels la mairie s’est appuyée pour refuser le permis. Mais il y a un élément qui ne dépend pas de nous, et c'est le fait que la mairie nous autorise ou pas à déposer un permis sur son terrain. Une chose qui était acquise l’année dernière à la même période de l’année et qui apparemment ne l’est plus aujourd’hui.

Non, nous ne nous laisserons pas faire. Et nous demandons à la mairie d’organiser une réunion dans les 15 jours, avant le 20 octobre, afin de trouver une solution au développement de l’ikastola de Beskoitze.

Le Pays Basque n’accepte plus et n’acceptera plus les élus qui tenteront d’entraver l’euskara et le développement des ikastola. Sans solution, Madame Ayensa, Monsieur Elizagoyen, ce ne sont pas les parents de l’ikastola de Beskoitze que vous aurez en face, c’est l’ensemble des ikastola et de la société basque qui viendra au secours de l’euskara, ici à Beskoitze et là où le développement de l’euskara sera menacé.

La langue basque ne peut pas se permettre de reculer encore là où elle se doit d’avancer. Nous appelons l’ensemble de la classe politique à l’aide afin de faire prendre conscience aux élus de Beskoitze de la légitimité de notre démarche. C’est la politique linguistique du Pays Basque qui se joue à Beskoitze.