Les ikastola en danger
Le Conseil constitutionnel a frappé très fort.
« En vertu des dispositions de l'article 2 de la Constitution, l'usage du français s'impose aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans l'exercice d'une mission de service public (il fait référence aux enseignants). Si, pour concourir à la protection et à la promotion des langues régionales, leur enseignement peut être prévu dans les établissements qui assurent le service public de l'enseignement ou sont associés à celui-ci (ikastolak, diwan, calandreta,…), c'est à la condition de respecter les exigences précitées de l'article 2 de la Constitution. Or, il résulte notamment des travaux préparatoires de la loi déférée que l'enseignement immersif d'une langue régionale est une méthode qui ne se borne pas à enseigner cette langue mais consiste à l'utiliser comme langue principale d'enseignement et comme langue de communication au sein de l'établissement. Par conséquent, en prévoyant que l'enseignement d'une langue régionale peut prendre la forme d'un enseignement immersif, l'article 4 de la loi déférée méconnaît l'article 2 de la Constitution. Il est donc contraire à la Constitution.
Une large majorité de parlementaires, par le biais du vote de l’article 4 de la loi Molac du 8 avril, souhaitait que les écoles publiques puissent également appliquer le modèle immersif que nous avons créé il y a 52 ans. Mais le Conseil constitutionnel, au-delà du fait d’interdire l'immersion dans les écoles publiques, a déclaré son anticonstitutionalité dans nos ikastola également.
Nous avons démontré depuis longtemps que la seule manière de rendre nos enfants bascophones reposait sur l’enseignement du basque en milieu scolaire et périscolaire. Même en agissant ainsi, nous avons du mal à atteindre notre objectif, dans une société où presque tout se fait en français.
Nous ne pensons pas que le gouvernement fermera les ikastola du jour au lendemain. Mais au moment de négocier les postes, de demander les examens en basque, de mettre les nouvelles ikastola sous contrat d’association, la décision du Conseil constitutionnel nous sera mise sur la table afin que nous nous pliions à leurs vouloirs. Le ministre Jean-Michel Blanquer a immédiatement annoncé ses intentions, incitant Diwan à « évoluer » en lui demandant de passer du modèle immersif au modèle bilingue. Le rêve de Blanquer c’est de ne plus avoir de modèle immersif, ni chez nous, ni dans le public, ni dans le privé, mais de n’avoir qu’un système bilingue qui ne crée pas de locuteurs complets, de façon à ce que nos langues disparaissent.
Malgré les belles paroles des politiciens, si la décision du Conseil constitutionnel est appliquée, c’est la fin de notre langue.
Nous donnons rendez-vous ce samedi à 16h00 à Lauga à tous les parents, enfants, grands-parents, familles, amis et citoyens pour défendre le modèle de l’immersion.
Ce qui se passe est très grave.
Nous avons besoin de toi ce samedi.
Au nom du Bureau Exécutif de SEASKA, Peio Jorajuria lehendakaria