Seaska a convié la presse le 4 septembre au lycée Bernat Etxepare de Bayonne afin de faire le point sur la rentrée 2025.
Les intervenant(e)s étaient Erik ETXART & Sophie LAYUS (Co-présidents de Seaska) ainis que Garikoitz MUJIKA (nouveau directeur du lycée Bernat ETXEPARE)
LA SITUATION DES IKASTOLA (Sophie Layus, lehendakarikidea)
La rentrée des 39 ikastola de Seaska (33 écoles primaires, 5 collèges et le lycée) s’est très bien passée. Avec 4 262 élèves, nos effectifs restent stables. Avec les enfants de deux ans, nous dépasserons le cap des 4 300 élèves au cours de l’année scolaire. Cependant, le nombre de naissances diminue en Iparralde (Pays Basque Nord), ce qui est une source d’inquiétude.
Si l’on doit souligner certaines évolutions, je mettrais en avant la croissance continue du nombre d’élèves ces dernières années dans la région de Bayonne. Par exemple, l’an dernier, l’ikastola Oihana avait dépassé le seuil des 150 élèves (cette année, ils sont 159). Dans la commune voisine, à Boucau, nous avons ouvert une quatrième classe de primaire (CE2), atteignant un total de 39 élèves (+7). Pendant l’été, nous avons dû installer des préfabriqués pour accueillir tous les enfants. À Anglet également, les effectifs augmentent, avec 129 élèves (+7). Dans les prochaines années, il nous faudra trouver des solutions pour accueillir davantage d’élèves à Bayonne et à Boucau, car nos ikastolas actuelles sont déjà pleines.
En ce qui concerne les ikastolas récemment créées, nous avons ouvert le CM1 à l’ikastola Alhorga d’Ahetze-Arbonne, qui compte désormais 29 élèves (+3). À Biriatou, un groupe de 9 enfants est entré à la maternelle, ce qui porte le total à 34 élèves.
A l’intérieur du Pays, les chiffres sont également positifs. En Soule, les effectifs augmentent à Sohüta et Alos (+4). La croissance se poursuit à Baigorri (+7) et en Oztibarre (+5). Dans le Labourd intérieur Ustaritz accueille 13 élèves de plus qu’en 2024, et Lekorne en compte 6 supplémentaires. À Itxassou et à Cambo, les effectifs restent stables. À Hendaye et Urrugne, en revanche, on constate une baisse du nombre d’élèves
À Bayonne, les effectifs augmentent au collège Estitxu Robles, avec +14 élèves, atteignant désormais 227 élèves. Les bâtiments appartiennent au département des Pyrénées Atlantiques, celui-ci devait procéder à des travaux cet été pour afin d’accompagner la croissance des effectifs. L’architecte et l’équipe technique étaient prêts à commencer, le permis de construire avait même été affiché, mais au dernier moment, le département a repoussé le démarrage des travaux pour des raisons financières.
Au-delà de la déception, cette année scolaire sera donc particulièrement difficile pour les élèves, les enseignants et le personnel, en raison du manque d’espace. Il est donc indispensable que les travaux, initialement prévus pour cet été, débutent le plus rapidement possible. Sans cela, nous aurons un sérieux problème au collège Estitxu Robles. Nous espérons sincèrement que le département respectera son engagement et que les travaux commenceront au plus tard au début de l’année 2026.
Avec l’ouverture du collège de Saint-Pée-sur-Nivelle, le collège Piarres Larzabal de Ciboure, qui était en sureffectif, retrouvera un équilibre avec 268 élèves. Le collège Xalbador comptera 250 élèves, et le collège Manex Erdozaintzi 254 élèves (+14).

CROISSANCE DU LYCEE (Garikoitz Mugika, directeur du lycée Etxepare)
Au lycée, après plusieurs années de croissance continue, nous connaissons cette année une stabilisation, la promotion des élèves de 3ᵉ issue du collège étant moins nombreuse que l’an passé. Le lycée compte au total 521 élèves, soit un effectif similaire à celui de l’année dernière. Toutefois, au vu de la progression des effectifs dans les collèges, nous aurons à nouveau une forte croissance à partir de la rentrée 2026 et dans les années futures.
Suite à la croissance de ces dernières années le lycée est plein, limité tant au niveau des salles de classe que des infrastructures (bureaux des enseignants, cantine, internat). Vous savez qu’il existe un projet d’ouverture d’un deuxième lycée à Saint-Palais. Mais en attendant, pour accueillir les effectifs des deux prochaines années, nous aurons besoin de davantage d’espace à Bayonne même. C’est pourquoi la Communauté d’agglomération a pris la décision, en juin dernier, de mettre à notre disposition le terrain situé en face du lycée.
Cet été, nous avons entamé la rénovation de la maison située en face du lycée, afin d’y aménager des bureaux et des salles de réunion et ainsi désengorger l’administration du lycée général. De même, grâce aux préfabriqués déjà installés en face du lycée et à ceux qui viendront s’y ajouter, nous pourrons assurer la période transitoire jusqu’en 2027.
Avec l’ouverture du futur lycée général de Saint-Palais, nous avons aussi l’ambition de développer la filière professionnelle à Bayonne dans les prochaines années. Ainsi, les préfabriqués laisseront place à de nouvelles filières de formation professionnelle.

SEASKA EST INDISPENSABLE ... MAIS NE PEUT PAS TOUT (Erik Etchart, coprésident)
D’après un sondage récemment publié par l’institut IFOP, 91 % des habitants du Pays Basque nord sont favorables à l’officialisation de la langue basque, soit plus de 9 personnes sur 10. 8 habitants sur 10 souhaitent que tous les élèves aient la possibilité d’apprendre le basque, et 7 sur 10 souhaitent même que son apprentissage soit obligatoire pour tous.
Ce sondage confirme et renforce ce que les enquêtes sociolinguistiques menées depuis plusieurs années ont déjà montré : au Pays Basque nord, les habitants sont avides de basque. Ils en veulent davantage, tant à l’école que dans la vie publique. Il appartient donc aux pouvoirs locaux de répondre à cette attente, afin d’élargir les possibilités de vivre en basque.
On ne peut pas tout faire reposer sur les épaules des associations oeuvrant en faveur de la langue basque, sans donner les moyens nécessaires.
Pour notre part, nous remplirons notre mission : ouvrir l’apprentissage du basque à un nombre croissant d’élèves. Nous travaillons aussi à améliorer la qualité du basque des élèves, en développant la programmation en basque, en ajoutant l’examen de niveau B2 en classe de troisième, et en donnant toute sa place à la langue dans les cours extérieures, entre autres. Nous menons également un travail considérable dans la formation des enseignants, en formant chaque année 50 nouveaux professeurs.
Seaska est un outil indispensable, mais Seaska ne peut pas tout faire. Cet été, nous avons obtenu le permis de construire pour Beskoitze, et les travaux commenceront avant la fin de l’année. À Arberoa, après l’incendie, l’ikastola doit être partiellement rénovée : le permis a été déposé et les travaux débuteront également avant la fin de l’année. En revanche, les ikastolas de Boucau et Biriatou sont devenues trop petites. Il faudra trouver rapidement une solution. Nous avons terminé cet été les travaux du collège de Saint-Pée-sur-Nivelle. Maintenant, entre le nouveau lycée, le développement de la filière professionnelle et l’agrandissement des ikastolas, nos besoins en matière de construction sont immenses. Et nous ne pourrons pas y faire face sans un véritable soutien des pouvoirs publics.
Par ailleurs, le 23 mai dernier, des milliers de personnes se sont rassemblées à Bayonne, tambours en main. Seaska est un mouvement populaire qui vit grâce au soutien des habitants, au travail et à la confiance des familles.
À la fin du mois de mai, le Recteur est venu au Pays Basque et nous a proposé une rustine pour répondre à nos besoins en enseignants, en proposant quelques heures. Il nous a également promis des avancées concernant les postes d’enseignants spécialisés et la question des examens. En juin, nous avons rencontré ses représentants, par l’intermédiaire de l’Office public de la langue basque, mais depuis, rien n’a avancé, ni sur les postes d’enseignants spécialisés, ni sur les examens. Nous espérons qu’en ce début d’année scolaire, le Recteur tiendra sa parole et fera avancer ces dossiers.
Nous avons également transmis nos demandes au Premier ministre François Bayrou, par l’intermédiaire de son cabinet, mais nous n’avons reçu aucune réponse depuis. Et à l’écoute des nouvelles de ces derniers jours concernant le gouvernement français, nous ne savons même pas si la semaine prochaine nous aurons un ministre de l’Éducation, un Premier ministre, ou même un gouvernement.
Enfin, nous souhaiterions attirer votre attention sur la question de l’inclusion. Au-delà des beaux discours, depuis la rentrée nous constatons que le ministère de l’Éducation nationale veut reculer lorsqu’il s’agit de mettre en place des accompagnants pour les élèves ayant des besoins particuliers.
Nous ferons prochainement un point à ce sujet avec l’ensemble des ikastolas, et nous viendrons à votre rencontre avec Integrazio Batzordea. Mais nous sommes d’ores et déjà très préoccupés.
