La conférence de presse de la rentrée 2024-2025 de la fédération Seaska a eu lieu le 04 septembre. Peio Jorajuria, le président de Seaska, et Sophie Lajus, membre du Comité Exécutif ont présenté le texte suivant à la presse.
La rentrée s’est très bien passée dans les 39 ikastola (33 primaires, 5 collèges et le lycée). En septembre 2023 nous comptions 4 189 élèves dans les ikastola. En cette rentrée, nous avons 4 285 élèves, soit une centaine d’élèves de plus, et nous allons dépasser la barre des 4 300 élèves en cours d’année avec l’arrivée des enfants de 2 ans.
A titre d’exemple, le nombre d’élèves autour de Bayonne est en augmentation ces dernières années, avec la barre des 150 élèves dépassée l’année dernière à Oihana ikastola (155 en cette rentrée), 14 enfants de plus au Polo avec un total de 85 élèves. Au Boucau, nous avons ouvert le CE1 avec 32 élèves au total, soit 9 de plus. Les locaux de Bayonne et Boucau atteignant leurs limites, il nous faudra réfléchir à de nouvelles solutions ces prochaines années.
Du côté des ikastola nouvellement créées, nous avons également ouvert le CE1 à Ahetze, avec 8 élèves supplémentaires, soit 26 élèves au total. A Bardos, la dernière née des ikastola, ouvrira le CP avec 18 élèves au total (+3).
En Pays Basque intérieur, les chiffres sont également positifs. Nous maintenons le nombre d’enfants en Soule, à Chéraute et Alos, et nous continuons à progresser en Amikuze, Oztibarre, Saint Jean Pied de Port, Baigorri et Ortzaize. Sur la côte les effectifs sont stables. Compte tenu que de moins en moins d’enfants sont scolarisés, c’est une bonne chose.
Au niveau des collèges, nous avons ouvert le collège Kattalin Elizalde à Senpere avec 82 élèves l’an dernier (6èmes et 5èmes). Cette année nous avons ouvert deux classes de 4ème, avec une augmentation des effectifs de 49 collégiens, soit 131 élèves à Senpere. Nous allons d’ailleurs inaugurer le nouveau collège le 21 septembre prochain, événement auquel vous êtes cordialement invités.
Vers un deuxième lycée
Les chiffres sont donc bons en cette rentrée. Mais c’est surtout au lycée que nous avons senti la plus forte hausse. Nous avons 536 lycéens en cette rentrée contre 471 l’année dernière (+65) : 455 lycéens dans la filière générale et technologique (+53) et 85 dans les deux filières professionnelles Animation et Commerce (+12). C’est une très bonne nouvelle que le seul lycée qui vit en euskara connaisse un tel succès, puisque les futurs citoyens et professionnels bascophones seront issus du lycée Etxepare.
Nous avons ouvert le nouveau lycée Bernat Etxepare en 2017, et nous l’avons agrandi en 2019. Mais l’augmentation continue des effectifs fait que nous avons dû rajouter deux préfabriqués l’été dernier et un supplémentaire cet été.
Cela fait quasiment deux ans qu’un groupe de réflexion s'est constitué au niveau de Seaska pour travailler sur l’avenir du lycée. Aujourd’hui nous avons deux filières professionnelles et une filière technologique et nous souhaiterions enrichir cette offre par de nouvelles filières afin que les collégiens bascophones puissent avoir un véritable choix.
Beskoitzeko ikastola
Comme les années précédentes, nous regarderons ce qui se passe à Briscous. Une première réunion a eu lieu cet été avec le nouveau maire et son équipe, un premier contact dans une ambiance totalement apaisée. L’ikastola pourra continuer dans un premier temps dans les locaux actuels, et il n’y aura pas de problème pour que les enfants de l’ikastola fréquentent la cantine municipale. Quant à l’avenir, nous allons régulièrement travailler ensemble afin de trouver la meilleure solution. Ce fut un chemin long et fastidieux, mais au final une relation normale a pu enfin être établie avec la mairie, comme c’est le cas partout ailleurs. En cette rentrée, il y a 53 enfants à Beskoitzeko ikastola, trois de plus que l’année dernière, et deux autres camarades viendront les rejoindre en cours d’année pour arriver à 55.
Education
(Sophie Layus)
Même si le nombre d’élèves et d’ikastola constituent un atout essentiel pour le développement de la langue basque, l'Éducation est au cœur de notre travail et c'est dans ce domaine que nous travaillons à Seaska. L’euskara et la pédagogie sont les deux piliers de Seaska, ils sont mutuellement liés et constituent la base du travail que nous accomplissons dans les ikastola.
Aujourd'hui, nous formons plus de 70 enseignants en primaire et secondaire par an, sur un cycle de 4 ans grâce à 5 professeurs formateurs expérimentés. En plus d'offrir une formation Initiale pour les enseignants débutants (tous les mercredis et toutes les vacances ici même au siège de Kanbo à Seaska), nous sommes en train de développer la formation continue pour le primaire, qui s’étendra ces prochaines années au secondaire. De plus, des intervenants dans différents domaines et des enseignants des ikastola participent également à la formation ou au tutorat des nouveaux enseignants. Si le sujet vous intéresse, nous pourrions faire un point sur notre travail de formation dans les prochaines semaines.
En raison de situations de plus en plus variées pour les équipes éducatives, nous offrons également des services adaptés de soutien aux enseignants et aux familles depuis Seaska, par le biais de conseillers d'inclusion, d'une équipe de psychologues ainsi que d'enseignants spécialisés. Seaska offre un puissant service pédagogique aux ikastola.
Pour nous l'éducation est un ensemble et nous souhaitons également travailler sur la formation des personnels des ikastola ainsi que des parents d’élèves. Les parents font partie de la communauté éducative à Seaska. Chaque année, avec les professionnels et les enseignants de Seaska, les parents participent également au Conseil d'Education des ikastola.
Alors qu’à Paris on commence à peine à expérimenter une “pause numérique” nous avons pris des mesures depuis longtemps : quand les élèves arrivent au collège, ils déposent leurs téléphones portables dans une boîte, comme ils le font à Eztitxu Robles ou à Piarres Larzabal, ou ils vont encore plus loin, comme ils le font à Xalbador, quand les parents entrent en 6ème, ils s'engagent à ne pas acheter un téléphone portable jusqu'à la 3ème. Cette mesure est non seulement bénéfique pour les élèves, mais aussi très utile pour les parents, qui participent à une décision collective et dont la gestion est beaucoup plus facile avec leurs enfants. En fait, aujourd'hui, c'est un ordinateur sans limites qui est mis à la disposition des enfants et pas seulement un téléphone.
En ce qui concerne le numérique, une réflexion a été menée l'année dernière dans les ikastola et une orientation a été votée au Conseil des ikastola de juin. Si vous êtes intéressé, nous pourrons également vous la mettre à disposition.
Dans le domaine de la langue basque, nous menons également un travail important ces dernières années. Nous avons créé et renouvelé la Charte Euskara pour les parents. Nous avons aussi créé des outils pour mesurer la maîtrise de l’euskara. A la fin du primaire, nous faisons passer aux élèves un test oral en basque. Et à la fin du collège, en troisième, nous avons fait passer pour la première fois en juin aux élèves un examen écrit en langue basque de niveau B2 avec l'aide d'experts d’UEU et des professeurs de basque des trois réseaux. L'objectif est de mesurer la facilité à s'exprimer en basque et de prendre des mesures pour corriger les lacunes constatées afin d'améliorer les résultats. On pourrait en parler aussi longuement.
Enfin, pour ne pas s'étendre davantage, nous avons mené des expériences dans la gestion de l'espace extérieur au sein des écoles. Les élèves, les enseignants, les Asem et les parents, avons créé un programme pour faciliter l’expression en euskara dans les cours d’écoles tout en travaillant aussi au vivre ensemble. Un outil indispensable afin que tous les enfants et chacun d’eux ait sa place le temps de la récrée, et afin que les stéréotypes qui s'imposent dans la société ne se reproduisent pas dans la cour d’école (prédominance de certains sports, utilisation des langues, attitudes des garçons et des filles, etc.). Nous avons mené une première expérience très intéressante à l'ikastola d'Ortzaize, et depuis, le programme de gestion de l'espace extérieur a été développé dans plusieurs ikastolas. Si vous êtes intéressé par des articles ou des reportages sur ces sujets, nous vous fournirons également des contacts.
Relations avec l'Office Public de la langue basque et le Ministère
(Peio Jorajuria)
La Convention avec l'Office Public de la Langue Basque et le Ministère de l’Éducation nationale s’est achevée en août 2022. Depuis, la convention est bloquée sur le sujet des langues d’examens, et avec tous ces changements de ministres de l’éducation, jusqu'au vide actuel, rien n’a pu progresser. Cependant, nous avons tenu des réunions et obtenu des postes d'enseignants pour répondre à notre développement, au premier degré, au collège et au lycée ces dernières années.
Si un nouveau gouvernement est formé, nous espérons qu’une nouvelle convention puisse garantir le développement des ikastolas et de la langue basque. Nous devrons également suivre de près la politique linguistique publique. L'euskara nécessite des politiques publiques en fonction des nouveaux besoins, et non pas des politiques en fonction des moyens gelés d’avance.